RSE et logistique : comment la livraison du dernier kilomètre peut répondre aux engagements environnementaux des entreprises ?

Le dernier kilomètre, un enjeu écologique majeur

Le dernier kilomètre est souvent qualifié de "maillon critique" de la chaîne logistique, car il s'agit de la phase finale qui relie l’entrepôt ou le point de distribution au client final. Bien que cette étape représente une proportion relativement faible des distances parcourues, son impact environnemental quant à lui est loin d’être faible. En plus de cet impact environnemental, le dernier kilomètre est soumis à d’autres défis qui sont aussi importants à prendre en compte dans le cadre d’une politique RSE.

L’impact sur la voirie

Cela se ressent beaucoup plus dans les zones urbaines, notamment dans les centres-villes, avec des zones congestionnées, créant ainsi des embouteillages, des difficultés pour circuler ou pour se stationner. En 2021, les véhicules de livraison occupaient 30% de la voirie française [2], un pourcentage qui augmente chaque année et qui a un réel impact sur le quotidien. Par exemple, toujours en 2021, il est estimé que les parisiens ont perdu plus de 6 jours dans les embouteillages [3] !

Cette congestion touche également les véhicules qui livrent, puisque ces derniers sont ralentis lors de leurs tournées, pouvant alors créer du retard dans la livraison auprès du consommateur. Et si le rythme continue d’augmenter de la sorte, en 2030, il pourrait y avoir une augmentation de 78% des livraisons urbaines du dernier kilomètre [4]. Sans surprise, cela aura un impact sur la voirie des centres-villes, pouvant augmenter le trajet quotidien des habitants de 11 minutes par jour [4].

L’augmentation des émissions de CO₂e

Avec l’explosion de l’e-commerce ces dernières années (une augmentation de 13,5% du volume de livraison au 3ᵉ trimestre 2024 par rapport à 2023, soit une hausse de 77 millions[5]), la demande en livraison ne fait que de croître. De plus, les consommateurs veulent des livraisons rapides et personnalisées. Cette demande n’est pas près de s’arrêter, bien au contraire, mais si la livraison du dernier kilomètre reste inchangée, les émissions de CO₂e devraient augmenter de 32% d'ici à 2030[4].

Dégradation de la qualité de l’air

De ce fait, la qualité de l’air se retrouve polluée et donc dégradée. Les conséquences sont importantes, pouvant entraîner des problèmes de santé importants, voire mortels. Les villes françaises sont en retard sur les seuils fixés par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), puisque 95% des agglomérations dépassent le seuil fixé sur les particules fines[6].

Les zones rurales ne sont pas en reste

Si le problème du dernier kilomètre est souvent associé aux zones urbaines, les zones rurales ne sont pas épargnées. Ici, le défi réside dans la distance importante entre les points de livraison et le faible nombre de commandes livrées par trajet. Cela représente un coût élevé par livraison et une empreinte écologique importante. De ce fait, il est nécessaire de pouvoir rendre la livraison plus accessible tout en limitant son empreinte.

Pressions réglementaires et attentes sociétales croissantes

Que ce soit l’Europe, la France, les villes ou bien les consommateurs, la pression est de plus en plus forte sur les entreprises pour passer à une livraison plus écologique et plus responsable. Ces changements doivent obligatoirement être pris en compte dans une stratégie de livraison du dernier kilomètre.

Réglementations nationales : l’exemple des Zones à Faibles Émissions (ZFE)

Dans la lignée de la Loi d’Orientation des Mobilités (LOM) et de la Loi Climat et Résilience, adoptées respectivement en décembre 2019 et en 2021, les ZFE sont une mesure visant à réduire les émissions polluantes dues au transport dans le cadre d’une stratégie nationale.

Les ZFE sont donc des zones où la circulation est restreinte pour les véhicules les plus polluants via des conditions définies par les municipalités. L’objectif premier de ces zones est d’améliorer la qualité de l’air dans les villes afin de protéger la santé des habitants. De ce fait, un dispositif de vignette Crit’Air a été mis en place pour classer les véhicules et permettre de circuler, ou non, dans les zones réglementées.

Le 1ᵉʳ janvier 2025 marque une accélération dans le déploiement des ZFE en France, puisque 30 nouvelles agglomérations vont rejoindre les 10 agglomérations étant déjà des ZFE. Avec Paris et Lyon qui ont des cadres plus strictes, car les villes dépassent régulièrement les seuils réglementaires, toutes les agglomérations françaises de plus de 150 000 habitants sont des ZFE. Un élément à prendre en considération dans sa stratégie de livraison du dernier kilomètre, puisque l’accès pourrait être restreint, voire refuser en cas de non-respect des réglementations en vigueur.

Stratégie Nationale Bas-Carbone (SNBC)

La Stratégie Nationale Bas-Carbone (SNBC) est un plan cadre établi par le gouvernement français pour guider la transition énergétique du pays et atteindre la neutralité carbone d'ici à 2050, avec des points d’étapes pour certains secteurs, notamment le transport, en 2030. Elle définit les objectifs de réduction des GES pour tous les secteurs, y compris les transports, l’industrie, l’agriculture et le bâtiment. Mise en place par la Loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte (LTECV) en 2015, la SNBC est mise à jour régulièrement pour s'adapter aux nouveaux enjeux climatiques, technologiques et économiques.

Si l’objectif est d’atteindre la neutralité carbone d'ici à 2050 (c’est-à-dire que les émissions émises devront être égales ou inférieures à celles absorbées), un palier est prévu pour 2030 pour le domaine du transport : réduire de 28% les émissions émises par rapport à 2015. Ce palier implique donc des actions et des modifications nécessaires de la part de tous les acteurs, surtout en matière de livraison.

Ce plan rejoint la volonté européenne “d’être le premier continent neutre pour le climat” avec la mise en place du Pacte Vert (Green Deal), ayant globalement les mêmes objectifs que la SNBC en matière d’impact écologique.

Des attentes sociétales croissantes

Si les gouvernements, français et européen, posent des objectifs via les différents plans mis en place lors des années précédentes, il faut également prendre en compte les demandes des consommateurs. Ces derniers possèdent un poids important et non négligeable pour les entreprises, puisque leurs attentes influencent directement sur leur volonté d’achat. Celles-ci ne cessent de croître en matière d’écologie et d’impact environnemental, notamment en ce qui concerne la livraison.

• 64% des Français attendent que les entreprises proposent une méthode de livraison verte en 2023 [7]. Une demande qui devient de plus en plus importante auprès des Français puisqu’en 2024, 87% d’entre eux privilégient les livraisons respectueuses de l'environnement [8].
• Pour seulement 27% des Français, les e-commerçants font suffisamment d’efforts vis-à-vis des livraisons écoresponsables. Sachant que 25% d’entre eux ont déjà arrêté d’acheter sur des sites n’en proposant pas [9].
• Par contre, uniquement 36% des Français sont prêts à payer plus cher pour une livraison écologique [7]. Ce qui veut dire que pour le consommateur, c’est à l’entreprise d’absorber le coût et de ne pas répercuter sur le prix de la livraison.

On peut donc dire que la consommation devient un acte d’achat engagé et qu’au final, ce sont les consommateurs qui ont le dernier mot.

Des solutions concrètes et rapides à mettre en place

Afin de répondre aux attentes et aux différents plans gouvernementaux, des solutions existent pour réduire l'impact écologique de votre entreprise en matière de livraison. Des actions concrètes qui permettent de transformer le dernier kilomètre en un levier stratégique pour votre politique RSE.

Le ship from store : transformez votre magasin en un hub logistique

Faire évoluer votre magasin en hub logistique permet de réduire l’impact du dernier kilomètre. Grâce au ship from store, le départ des livraisons se fait depuis votre magasin, permettant ainsi une réduction significative des kilomètres parcourus pour livrer vos clients.

En effet, même si les entrepôts centralisés peuvent offrir des avantages, il faut prendre en compte le volet écologique, qui n’est pas à leur avantage comparé au ship from store.

De manière générale, le ship from store offre plus de flexibilité et permet de réduire l’impact environnemental du dernier kilomètre. Toutefois, il est conseillé d’avoir une bonne gestion de ses stocks pour se lancer.

Le cotransportage, l’évidence de 2025

Les modes de livraison traditionnels (l’internalisation ou l'externalisation en passant par un transporteur professionnel) ont une problématique commune : créer des trajets supplémentaires dédiés uniquement pour la livraison. Ce qui agit directement sur les défis du dernier kilomètre, à savoir l’augmentation de l’occupation de la voirie et l’augmentation des émissions de CO₂e.

Le cotransportage apporte un renouveau et une nouvelle vision à la livraison. Plutôt que de créer d’autres trajets, l’idée est d’optimiser les trajets déjà existants des particuliers ! Nous sommes de plus en plus à avoir un véhicule et à nous en servir pour nous rendre au travail, aller faire ses courses ou d’autres activités du quotidien.

L’impact écologique du cotransportage est réel, offrant une solution concrète pour réduire ses émissions de CO₂e tout en proposant une expérience inédite à ses clients :

• Jusqu’à - 81% d’émission de CO₂e en comparaison à un consommateur qui se serait fait livrer par un livreur professionnel [10].
• En moyenne, une livraison réalisée en cotransportage avec Shopopop émet 1,41 kg de CO₂e, soit 32% de moins que si le consommateur avait lui-même été récupérer ses achats au magasin [10].

Dans la majorité des cas, 66% des Français roulent le coffre vide [11], il y a donc de la place pour récupérer la commande d’un autre particulier pour la livrer à son domicile, en échange de quelques euros.

Le petit plus : le cotransportage s’intègre parfaitement dans une stratégie de ship from store.

Actuellement, le dernier kilomètre est la partie la plus polluante de la livraison. Néanmoins, il est possible de transformer cette problématique en un réel argument écologique auprès de vos clients dans le cadre d’une stratégie RSE. Des solutions existent pour réduire l’impact de livraison sans dégrader l’expérience, c’est même l’inverse. Et avec les échéances gouvernementales qui approchent, il est urgent de repenser sa logistique !